"C’est la relève", cette Lotoise de 21 ans porte avec fierté le drapeau des enfants de déportés de la Rafle de Figeac

Par NATHALIE VAYLET, publié le jeudi 15 mai 2025 10:03 - Mis à jour le jeudi 15 mai 2025 10:03
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81 ans après la terrible Rafle du 12 mai 1944 à Figeac, une commémoration émouvante s’est déroulée ce lundi aux Carmes, à quelques pas de l’endroit précis où 540 habitants ont été rassemblés puis envoyés en déportation. Les enfants de déportés ont salué la présence des jeunes, collégiens et lycéens, et de Marie Balmette, leur porte-drapeau.

Après un premier dépôt de gerbes au monument du Cingle, c’est devant la stèle située aux Carmes, place du 12 Mai 1944, que les commémorations de la Rafle se sont poursuivies ce lundi à Figeac. Depuis 81 ans, un hommage appuyé est rendu chaque 12 mai en l’honneur des 540 personnes qui ont subi les exactions de la sinistre colonne SS Das Reich. Âgé de huit ans en 1944, Michel Larguille, président des anciens combattants de Figeac, se souvient avec émotion de ce jour sombre. Il voit aujourd’hui avec bonheur la foule nombreuse et recueillie honorer la mémoire des déportés."Je suis très fier de la représentation des Figeacois et des Figeacoises qui doivent se souvenir de cette Rafle qui a meurtri toute une ville, et même au-delà. Le devoir se dirige vers la jeunesse qui doit savoir ce qu’il s’est produit le 12 mai 1944".

Au premier rang, à côté des autorités civiles et militaires, de jeunes élèves figeacois – des Terminales du lycée Jeanne d'Arc accompagnés par la professeure Géraldine Frey et des élèves de 5e du collège Masbou venus avec leurs enseignants et le chef d’établissement ainsi que Stéphanie Bronquart proviseure du lycée Champollion - ont assisté à ce moment fort de la vie locale. C’est à eux que le maire de Figeac s’est adressés avec force. "Il faut que nous soyons là pour que les jeunes et les élèves reprennent le flambeau. Je suis arrivé à Figeac il y a 45 ans et j’ai compris que le 12 mai est un jour particulier. C’est un repère. Cette cérémonie est ancrée dans la mémoire collective. C’est la dernière fois que je prends la parole devant vous le 12 mai et c’est pourquoi je voulais particulièrement insister sur ce moment qui a marqué la cité, qui vous a marqué vous et qui marquera les générations futures" a insisté André Mellinger, saluant l’implication de jeunes porte-drapeaux.

"C’est important de faire ce travail de transmission"

À côté d’Enzo Giovannini, Marie Balmette a ainsi tenu fièrement le drapeau des enfants et des familles de déportés. "C’est la relève. On compte sur elle pour perpétuer le souvenir" s’est réjoui Pierre Estantau, fils de déporté accompagné par Michèle Boyer et Annie Poujol. "Je participe aux cérémonies depuis petite, notamment celle du 12 mai à Figeac. Mon grand-oncle, Jean Politti, a été déporté à l’âge de 16 ans et a été envoyé à Dachau. Il a laissé son témoignage qui est disponible au musée de la Résistance à Figeac. Je l’ai relu hier soir, c’est vraiment incroyable…" a confié la jeune Quissacoise de 21 ans qui a repris ses études au lycée Champollion. En 2023, Marie Balmette a suivi la formation de porte-drapeau, déterminée à s’engager en faveur du devoir de mémoire. Depuis lors, elle est présente à toutes les commémorations. Un devoir pour la Lotoise qui ne manque pas une occasion de sensibiliser ses camarades. "Beaucoup ne savent pas, ne se rendent pas compte de ce qui a pu se passer ici. C’est important de faire ce travail de transmission. J’étais à Cahors pour la grande cérémonie du 8 mai, on était 48 jeunes porte-drapeaux. C’est un bel espoir pour l’avenir".

La Dépêche, 12/05/2025